jeudi, septembre 29, 2005

Delphine Quéginer répond à Ouest-France et évoque la personnalité de Trotsky pour justifier son acte!

D. Quéginer écoutant de la musique hawaienne sur un pick-up offert par P. Fiala

Je vous écris ces lignes d'un lieu tenu secret, sous la protection armée d'une dizaine de camarades des sections d'assaut balbyniennes dépêchées d'urgence par Pierre Fiala dit "le bordure biggaré". On me recherche mais surtout, on me reproche d'avoir donné une interview à RTL dans laquelle je révèle que la chair du crétin que j'ai dévoré manquait de saveur. Bien évidemment, la viande de scout de France, malgré un label trompeur, ça n'est pas du tendron de veau élevé sous la mère. En tout cas pas sous une mère prodigue et nourricière, il n'y a qu'à voir les torses maladifs des immaculées conceptrices, suspendus comme épitaphes de tous les plaisirs terrestres au-dessus des absides dans lesquelles s'agenouille la jeunesse bleu marine élevée à l'eau fétide des bénitiers. Il faut, si l'on est un tant soit peu sensible à l'histoire de l'art, se rendre à cette évidence que la plastique subjuguante, par exemple, de Carole Landis - chantée en son temps par l'immense Stéphane Just- n'a jamais inspiré les artistes chrétiens.

Adoncques il n'y a pas de bonne viande calotine. Et la vouloir consommer plus tendre ne changera rien sur le plan du goût. Elle sera juste un peu plus tendre.

Mais je ne suis pas la première, loin s'en faut, à avoir dévoré un con à la moelle livide. Je veux vous raconter une histoire que je tiens d'un oncle pharmacien, Yves Quéginer, vieux compagnon de route de Trotsky et qui représentait le prolétariat glazik au sein de la quatrième internationale - je vous renvoie, à ce titre à l'excellent ouvrage qu'il a rédigé sur notre famille peu commune et son parcours politique auprès des révolutionnaires bolchéviks, "Tribulations de la famille des Q. "

Léon Trotsky, un petit matin rayonnant de 1925 a fait la même chose que moi, pour des raisons un peu différentes, mais bon... Tout le monde sait que Lev Davidovitch Bronstein partageait avec le grand Lénine la passion de la natation en eaux dormantes, situation éminemment politique puisqu'elle préfigurait le travail de fraction - appelé souvent et abusivement "entrisme" - mené dans les partis de la bourgeoisie par des dizaines de milliers de militants ouvriers.

Lev donc, prenait les eaux fraîches du lac Komaretsaya dans l'ombre bleue des contreforts de l'Oural, sentant les effluves des premières colchiques se lever avec le jour. La solitude de Trotsky était alors totale et il avait la pleine conscience d'en jouir seul, unique animal à deux pattes immergé dans les courants mordants.

Ce sentiment souverain ne devait pas durer. Un jeune pionnier menchévik surgit sur la rive ouest du fleuve, se débarrassa de son uniforme et, ne gardant que sa large casquette bouffante, plongea dans l'onde comme l'âne parfois trébuche sur le chemin de halage avant de tomber dans l'eau, brisant l'apollinienne unité d'un moment parfaitement poétique et, s'il faut avoir lu A. Breton et B. Perret, historique. Traversant maladroitement le cours d'eau pour rejoindre Trostsky dont-il avait reconnu le visage extrêmement déterminé, l'imprudent se retrouva vite face à lui, bredouillant quelques mots en l'honneur du socialisme, puis, confondant la trempette estivale avec le bain lustral prolétarien qui, chaque matin, doit consacrer la parousie d'une nouvelle humanité ayant accompli la tache historique qui lui est dévolue, laissa échapper les mots suivants : "Les épiciers et les notaires aussi ont leur place dans l'Etat socialiste". Ce disant, le pionnier devait signer son arrêt de mort. Trostsky, soudain plus froid encore que l'eau sommeillant au fond du lac, là où ses pieds soigneusement manucurés dansaient, devenus familiers des algues muettes et tendres, une rumba tranquille depuis une demi-heure, se jeta comme un tigre de feu sur son interlocuteur et le dévora sans pleurs ni haine, ni même en riant comme d'autres l'auraient fait, pensant avec une grande intensité aux premiers vers du sublime Hétontimorouménos de Charles Baudelaire:" Je te frapperai sans colère et sans haine, comme Moise le rocher[Aie!]et je ferai de ta paupière, pour abreuver mon Sahara, jaillir les eaux de la souffrance.."

Et soudain le matin clair devint plus noir que la nuit et le les bouillons pourpres qui faisaient valser les illusions perdues du menchévik, comme tourne le jus d'une mauvaise vaisselle dans le fond d'un évier, disparurent sous le regard impassible de Bronstein dont les flancs, régulièrement soulevés par sa puissante respiration, s'étaient couverts d'une délicate chair de poule, indubitablement supérieure en goût a ce que les meilleurs tables parisiennes s'échinaient à servir à de clients épuisés par de mauvaises digestions, à quelques centaines de milliers de verstes de la CCCP, dans la capitale du cancan et des crêpes Suzette. Là-bas, au dessus des vieilles montagnes russes, les rondes courbes semblèrent s'embraser quand la lumière du soleil réapparut, encore plus ardente.

Mon combat, le combat des Vierges Rouges glazik est le même que celui de Trostsky en son temps. je suis révolutionnaire et prête à dévorer une autre personne issue de la bourgeoisie. Je me contre-fous du goût qu'aura son corps, là n'est pas la question. Je le répète, je ne prends pas cela pour du tendron de veau! Si on m'en laissait le choix, je passerai mon temps à siroter du lait de mite avec mes amis balbyniens et à manger, nonchalante, des cuisses de mouches géantes du Tanganika à la croque au sel ou, comme on sait le faire à la crêperie de Langolen, roulées dans des galettes et généreusement arrosées de lait ribaud.

Voila, je voulais seulement préciser le sens de mon acte et vous faire comprendre que celui-ci est lié à la tradition mais s'inscrit aussi dans une perspective de lutte révolutionnaire de conquête du pouvoir par le prolétariat.